La croissance de l'utilisation du numérique est forcément passée dans votre entreprise au moins autant que dans la société toute entière...
C'était déjà une évidence avant la crise sanitaire qui l'a mise en lumière comme l'outil du maintien et de la continuité de nos activités malgré les confinements.
Pourquoi parler de numérique responsable ? Parce que nous sommes confrontés à une multiplication des équipements, à la réduction de leur durée de vie, à des renouvellements de plus en plus fréquents.
Or s'il est vrai que l'usage du numérique peut avoir avoir des impacts positifs notamment sur l'émission des GES en évitant des déplacements, il n'en est pas moins vrai qu'il génère des impacts non négligeables tout au long du cycle de vie des équipements et dans tous les domaines : économique, environnemental , social et sociétal.
Mettre en place une démarche de numérique responsable dans votre entreprise se révélera pertinent à bien des égards, et vous pourrez aussi envisager à terme de vous faire labelliser "numérique responsable".
L'impact environnemental du numérique est fort et croît sans cesse
Le numérique s'apparente à l'immatériel et à l'échange invisible de données. Mais il est bel et bien matériel et impactant à travers ses 3 aspects : équipements, infrastructures réseaux et réseaux de câbles. L'impact environnemental se mesure sur tout le cycle de vie et notamment sur 3 phases : Production/fabrication, utilisation et fin de vie.
Quelques chiffres qui en disent long : le numérique représente 10% de la consommation d'électricité mondiale, 4% des émissions de GES ; 45% de sa consommation énergétique se situe en phase de production, 55% à l'utilisation.
La fabrication des équipements depuis l'extraction des ressources utilisées a un impact sur la biodiversité locale, la pollution de l'air, de l'eau, des sols.
L'utilisation croissante génère l'augmentation de la consommation énergétique à travers les data centers et les terminaux.
La fin de vie est également très impactante car le taux de recyclage reste faible avec peu de composants recyclables. En 2019, les DEEE ont représenté 59 millions de tonnes de déchets.
L'impact social et sociétal est souvent méconnu
Or il est important tant pour les matières premières et composants, souvent produits dans des pays avec de mauvaises conditions de travail et avec des tensions entre pays sur ces ressources pour s'approvisionner. A l'utilisation, l'accessibilité n'est pas toujours facile et les territoires ne sont pas à égalité malgré les efforts réalisés pour réduire la fracture numérique. Enfin, en fin de vie, des décharges sauvages menacent souvent les milieux et la santé des populations exposées.
L'impact économique et politique est également pointé notamment à travers le monopole qu'exerce un nombre limité d'acteurs : GAFAM, NATU, BATX... et la dépendance à un nombre limité de pays producteurs en particulier la Chine (pénurie de semi-conducteurs, retards des livraisons).
L'obsolescence toujours plus rapide des logiciels est aussi une source de coûts directs pour les entreprises !
L’implémentation du numérique dans l’économie transforme l’organisation du travail et l’accès aux services, notamment publics. « Télétravail », « service en ligne » ou « uberisation » font désormais partie du langage courant. Ces mots témoignent des potentialités du numérique comme des risques attachés : statut des travailleurs des plateformes, respect de la vie privée des personnes et « droit à la déconnexion », exclusion numérique, cybersécurité …
D’ici 2025, les changements dans la division du travail entre humains et machines pourraient aboutir à la création nette de 12 millions d'emplois selon le World Economic Forum. 13 millions de Français étaient exclus du numérique en 2017, selon la Mission Société Numérique.
Les femmes représentent moins d’un quart des salariés dans les métiers du numérique, selon l’Insee.
Les entreprises ont une responsabilité, aux côtés des pouvoirs publics, en termes de formation, d’éducation et d’information pour que le numérique soit facteur d’inclusion et non d’exclusion, tant auprès de leurs collaborateurs (acculturation et formation aux outils numériques, statut et protection des travailleurs, dialogue social) que des utilisateurs.
Quelles bonnes pratiques pouvez-vous mettre en place dans votre entreprise ?
- La règle des 3 U : n'acheter que ce qui sera Utile, Utilisable et ... Utilisé !
- La règle des 5 R : Refuser d'acheter (et oui, c'est souvent possible après avoir usé de la règle précédente !), Réduire, Réutiliser, Recycler, Rendre à la terre (composter)
- Faire un bon choix d'appareils : reconditionnés, labellisés, facilement réparables (indice de réparabilité)
- Réparer ! (plutôt que remplacer...)
- Faire évoluer les usages et les partager
- Sensibiliser, former et accompagner les utilisateurs
- S'entourer de professionnels responsables pour vous accompagner
Se labelliser Entreprise Numérique Responsable
Le référentiel porté par l'Institut du Numérique Responsable comporte 2 niveaux et le processus de labellisation est accessible auprès de l'agence Lucie.
Il comporte 5 thématique et 14 principes d'action :