Ouateco œuvre depuis dix ans dans le recyclage du papier à Saint-Geours-de-Maremne (40). Pour la nouvelle décennie approchante, elle s’est trouvé un autre défi : revaloriser les montagnes de vêtements jetées chaque année. Une démarche bénéfique pour l’environnement et pour l’économie locale.
Lorsque l’on demande à Thierry Toniutti de résumer en une phrase son entreprise, il répond par deux mots : bon sens. Une philosophie qui a guidé le projet dès sa création avec la construction du bâtiment qui abrite Ouateco. Écologique, la construction est entièrement érigée avec des matériaux biosourcés.
C’est en totale cohérence avec notre démarche ; pour une fois, nous sommes les cordonniers les mieux chaussés
Associé à sa compagne, sa soeur et son père, il fonde en 2009 cette société spécialisée dans la fabrication d’isolant écologique à partir de la ouate de cellulose. Chaque jour, l’usine de Saint-Geours-de-Maremne traite vieux livres et vieux journaux pour en faire un matériau isolant performant. Une fois broyée, dépoussiérée, raffinée et défibrée, la presse obsolète se transforme en ouate prête à l’emploi. Elle sera par la suite soufflée par des artisans dans les parois et les toitures des constructions. La technique existe depuis les années 1940 au Canada et est répandue dans les pays de grands froids d’Europe du Nord. Une efficacité attestée par la pratique de ces populations et validée par de multiples mesures scientifiques.
Une nouvelle filière d’économie circulaire
La ouate de cellulose serait ainsi un isolant deux à trois plus efficient que son principal concurrent sur les chantiers, la laine de verre. « C’est un produit qui respire, par conséquent l’humidité ne reste pas coincée dans les murs », explique le chef d’entreprise. Les mesures réalisées par des organismes externes montrent une économie de chauffage de près de 50 % en hiver et une réduction de la température de 5 °C en été. Le seul obstacle reste son prix, 5 à 10 % plus élevé, mais compensé par le niveau de performance et la longévité du produit (environ 50 ans). Des arguments qui séduisent artisans et donneurs d’ordre de marchés publics. Mais comme le papier n’est pas le seul déchet réutilisable à ne pas être exploité, l'entrepreneur s’est lancé un nouveau challenge. Pour récupérer sa matière première, le papier, Ouateco dispose d’un partenariat avec 250 associations. Parmi celles-ci figure le village Emmaüs de Pau-Lescar, dont le directeur interpelle un jour Thierry Toniutti sur la problématique des vêtements usagés. Le gaspillage y est colossal et la mine à exploiter presque sans fin. L’entrepreneur se met à étudier ce marché mondial afin de trouver une solution économique et écologique. De ces habits au rebut, triés au préalable, il va extraire de la fibre de textile, elle aussi destinée à l’isolation des habitations. Pour cela, de lourds investissements sont en cours avec, notamment, l’acquisition de machines pour déstructurer (délissage et effilochage) le tissu. Un matériel dont le coût s’élève à 1,8 million d’euros, auquel la Région Nouvelle-Aquitaine participe à hauteur de 450 000 euros. Pour accueillir cette nouvelle chaîne de production, une extension du bâtiment de 1 400 m² est en prévision. Un agrandissement nécessaire pour loger les futurs collaborateurs d’une entreprise qui prévoit de passer de 10 à 25 salariés d’ici cinq ans.