La société OVIVE, spécialiste de la valorisation et de la commercialisation de sous-produits d'origine marine, en particulier les coquilles d'huîtres, est située à La Rochelle - Périgny depuis 1989. Cette PME de 19 personnes s'est installée depuis fin 2011 dans un nouveau bâtiment de production équipé d'une centrale photovoltaïque. Elle a su améliorer sa productivité et poursuivre la diversification de ses produits et de ses marchés. Inscrite dans une démarche d'économie circulaire et partie prenante de l'association d'entreprises Biotop à Périgny, elle a reçu en 2011 le Prix RSE décerné par la CCI de La Rochelle. Témoignage de Pascale DARDANT et de Jean-Luc SAUNIER, ses dirigeants.
La seconde vie des sous-produits d'origine marine au service du développement durable
Quelle est l'origine du projet de création de l'entreprise ?
Le projet est parti d'une idée originale et pleine de bon sens : collecter, valoriser, commercialiser les coquilles d'huîtres, c'est à partir de cette activité que nous avons créé Ovive en 1989. En effet, les études scientifiques que nous avons mené avec l'INRA ont démontré ce que les éleveurs de volailles connaissaient empiriquement depuis des générations : le calcaire qui constitue la coquille des huîtres est particulièrement bien adapté au besoin des pondeuses pour constituer la coquille de l'oeuf. Ovive est présent du bassin d'Arcachon à Lorient. La collecte s'effectue par l'intermédiaire de bennes à déchets, de camions vrac ou bien de bigbags. Ovive a collecté près de 5300m3 en 2012.
Quelles diversifications avez-vous réalisé à partir de ce savoir-faire ?
A partir de 1991, nous avons développé nos activités en direction du marché de l'animalerie en proposant des écailles de coquilles d'huîtres en petits conditionnements -5 et 25 kg-. Nous avons aussi fabriqué et commercialisé du sable de fond de cage pour l'oisellerie et des graviers naturels pour l'aquariophilie. Tous ces produits pouvant être conditionnés de 1 à 25 kg à la marque Ovive, ou bien sous la marque du distributeur.
Parallèlement au développement des activités en alimentation animale et en animalerie, l'entreprise a mis au point un système d'extraction des parties nacrées de la coquille d'huître. Ces 'Nacres' sont ensuite colorées et vernies et trouvent de nombreux débouchés dans des domaines aussi variés que l'industrie des peintures et revêtements d'intérieur, les plastiques injectés ou moulés, les éléments de décoration pour aquariophilie. Aujourd'hui, l'atelier de coloration d'Ovive travaille aussi d'autres particules minérales : coquilles d'oeufs, graviers de quartz, sables, micas, cristobalites et vermiculites. Les particules très fines de nacres, appelées "Microbrisures" sont utilisées dans les écloseries d'huîtres comme support de fixation des larves. Nous avons pour cela conçu et construit un atelier unique en Europe.
En 1994, nous avons démarré l'atelier des blocs-sels pour pigeons en reprenant l'activité d'une petite entreprise de la région parisienne qui, depuis deux générations fabriquait ces produits pour les éleveurs de pigeons. Une clientèle fidèle, deux marques anciennes aux formules reconnues -COQSELOR et COQSELANIS – ont permis d'étendre cette activité : en 1995 a été mis sur le marché le bloc-sel COQU'AILE qui propose une nouvelle formule plus riche en coquilles d'huîtres et en phosphate. En 2000, Ovive a développé un nouveau bloc plus petit, selon une recette traditionnelle intégrant de la brique pilée c'est PICOBRIQ. Ensuite, ont été mis au point, un bloc au charbon de bois, et un bloc à l'argile.
En 1999, nous avons orienté nos recherches vers la fabrication de poudres préparées à partir de co-produits toujours d'origine marine. Elles sont destinées aux fabrications de produits diététiques, cosmétiques ainsi qu'à la fabrication d'arômes naturels pour l'alimentation humaine ou animale.
A partir de 2004, l'activité de minéraux de décoration a pris de l'ampleur. Nous avons développé une gamme de minéraux destinés à la décoration des parcs et jardins. L'offre s'étoffe en graviers, galets et rochers. Dans ce cadre, les coquilles d'huîtres et de moules, les sables coquilliers et les mélanges de coquilles marines, lavées, trouvent un nouvel emploi comme paillage ou mulch. La distribution des matériaux pour parcs et jardins s'étend à toute la France et aux pays limitrophes.
Vous avez également, parallèlement, poursuivi la démarche de RSE de l'entreprise. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Courant 2010, nous avons décidé de reconstruire le bâtiment de production. Les travaux ont été lancés en Juillet 2011 et terminés en fin décembre. L'ensemble du matériel de la chaîne de production a été réarrangé dans le nouvel espace, pour améliorer la productivité, mais aussi la qualité de vie des ouvriers. L'ensemble de la chaîne est maintenant contrôlé par un système automatique, permettant de gérer toutes les recettes de fabrication : coquilles, sables, graviers, mélanges de sables, sable de fond de cage. Le nouveau bâtiment est couvert par 700m2 de capteurs photovoltaïques, l'ensemble représente une puissance de 100kW crète. La production de 2013 a représenté exactement la moitié de notre consommation électrique sur cette période. En plus de la reconstruction du bâtiment de production, un nouveau hall de stockage des produits semi-finis secs, de 600m2, a été installé. En 2012, notre entreprise a été récompensée avec le prix RSE - Responsabilité Sociétale des Entreprise - par la Chambre de Commerce et d'Industrie de La Rochelle. Ce prix valorise l'ensemble des actions de la société Ovive, concernant la gestion des déchets, de l'énergie, et de la gestion du personnel.
Vous avez aussi développé un fort ancrage local et développé des synergies à travers l'association Biotop sur la Zone d'activité de Périgny ?
Oui, nous avons développé plusieurs activités avec des entreprises locales. Nous sommes très attachés à notre région. Le développement durable, pour nous, c'est aussi une évidence. Aussi, quand la démarche d'écologie industrielle a débuté sur notre Zone d'activité, nous nous sommes immédiatement impliqués. Ensemble et sous l'impulsion de notre animateur nous avons cherché à appliquer le principe "les déchets des uns peuvent devenir la matière première des autres". Cela a par exemple permis de réutiliser des bigbags d'une autre entreprise pour y collecter nos coquilles. Pour aller plus loin, un projet collaboratif est né, nous avons aussi mis au point un substrat pour toiture végétalisée composé uniquement de produits recyclés dans lequel nous réutilisons des coquilles de moules traitées par notre société et le marc de café collecté par les Cafés Merling qui sont implantés sur la même zone.
Quel conseil donneriez-vous en particulier à d'autres dirigeants d'entreprises ?
De considérer que la réutilisation de sous-produits ou co-produits, qu'il ne faut plus appeler des déchets, est un vrai secteur d'avenir, et que l'économie circulaire et une nouvelle approche que nous pouvons tous intégrer pour réussir. L'avenir, comme nous le montrent les nouvelles formes d'échanges sur internet, est à l'économie collaborative qui va impulser un nouveau souffle à nos sociétés.
Pascale DARDANT et Jean-Luc SAUNIER Dirigeants